EXPLORER L'HISTOIRE

Le procès de Jeanne d'Arc

Le contexte

Après avoir obtenu l'accord du dauphin Charles (futur Charles VII) pour mener l'armée de secours libérer Orléans assiégée par les Anglais, Jeanne mène plusieurs campagnes qui l'entrainent petit à petit à prendre plus d'indépendance face au pouvoir royal. Durant l'année 1430, Jeanne est invitée à rester dans le chateau de Sully-sur-Loire, afin d'éviter tout débordement qui pourrait nuire à la trève relative qui s'était instaurée après le sacre de Charles VII.

 

Mais Jeanne s'échappe rapidement de Sully-sur-Loire pour partir à l'aide de Compiègne, assiégée par les Bourguignons, alliés des Anglais. C'est là qu'elle est capturée le 23 mai 1430. Rachetée par les Anglais, elle est livrée à l'évêque de Beauvais, Pierre Cauchon, leur allié. Elle est alors transférée dans la prison de Rouen.

 

On sait peu choses sur les causes qui ont entrainées le procès de la "Pucelle d'Orléans". La simple vengeance est une piste qui semble délaissée par les historiens contemporains. Le fait que ce soit un tribunal ecclésiastique qui juge Jeanne d'Arc laisse plutôt envisager qu'il s'agit là d'une sorte de procès en sorcellerie, qui vise à faire cesser les maléfices qui conduisent l'armée anglaise dans de multiples défaites.


 

Le procès

Le procès de Jeanne d'Arc s'ouvre le 9 Janvier 1431. Il se tient dans la maison du conseil royal, proche du château de Rouen, et est conduit par l'évêque de Beauvais et Jean Lemaître, vice-inquisiteur qui supplée l'inquisiteur Jean Graverent. L'ensemble du procès est consigné et les textes nous sont parvenus. C'est bien pour examiner l'hérésie que le tribunal se réunit :
"Or, c'était un bruit public que cette femme, au mépris de la pudeur et de toute vergogne et respect de son sexe, portait, avec une impudence inouïe et monstrueuse, des habits difformes convenant au sexe masculin.
On disait encore que sa témérité l'avait conduite à faire, dire et semer beaucoup de choses contraires à la foi catholique et aux articles de la croyance orthodoxe. Ce faisant, elle s'était rendue gravement coupable tant dans notre diocèse que dans plusieurs autres lieux du royaume.
L'Université de Paris ayant eu connaissance de ces faits, ainsi que frère Martin Belorme, vicaire général de mon dit seigneur l'inquisiteur ès perversité hérétique, s'adressèrent aussitôt à l'illustre prince monseigneur le duc de Bourgogne et au noble seigneur Jean de Luxembourg, chevalier, qui tenaient ladite Pucelle sous leur puissance et autorité. Ils requirent lesdits seigneurs, par sommation, au nom du vicaire, sous les peines juridiques, de nous rendre et envoyer ladite femme ainsi diffamée et suspecte d'hérésie, comme au juge ordinaire
."

 

Pour avoir sauté de la tour d'un château en tentant de s'évader, Jeanne est accusée de tentative de suicide. On note également le grief d'avoir porté des vêtements d'homme. Le jugement rendu au sujet de ses visions et ses voix peuvent être interprêtés comme de la sorcellerie, cela fera d'ailleurs début au long du XVe siècle, alors que la chasse aux sorcières commence (extrait de la 44e séance du 12 avril) :
"Nous disons que, ayant diligemment considéré, conféré et pesé la qualité de la personne, ses dits, faits, apparitions, la fin, la cause, leurs circonstances, et tout ce qui est contenu dans les documents communiqués, il est à penser que ces apparitions et révélations qu'elle se vante et affirme avoir eues de Dieu, par les anges et les saintes, n'ont pas eu lieu comme il vient d'être dit, mais que ce sont bien plutôt des fictions d'invention humaine en procédant du malin esprit ; qu'elle n'a pas eu des signes suffisants pour y croire et savoir; qu'il y a dans lesdits articles des mensonges fabriqués ; des invraisemblances légèrement admises par cette femme ; des divinations superstitieuses ; des actes scandaleux et irréligieux; des dires téméraires, présomptueux, pleins de jactance ; blasphèmes envers Dieu et les saints, impiété envers les parents ; quelques-uns non conformes au précepte d'aimer son prochain ; idolâtrie ou au moins fiction erronée ; propositions schismatiques de l'unité, de l'autorité et du pouvoir de l'Eglise ; malsonnantes et véhémentement suspectes d'hérésie."

 

 

Conclusion

Le mercredi 30 mai 1431, accusée d'hérésie, Jeanne d'Arc est conduite au bûcher dressé sur la place du marché de Rouen. Pour éviter tout culte postume, le cardinal de Winchester insiste pour qu'il ne reste rien de son corps et ordonne trois crémations successives. L'officier des Hautes Oeuvres, Geoffray Therage, disperse les restes dans la Seine.

 

Charles VII rouvrira l'enquête sur Jeanne d'Arc le 15 février 1450, mais elle n'aboutira pas. En 1452, c'est le cardinal d'Estouteville qui tente à nouveau et en vain de réhabiliter Jeanne. Le 11 juin 1455, le pape Calixte III autorise la mère de Jeanne, Isabelle, à ouvrir un procès en révision pour sa fille. Le 7 juillet 1456, les juges rejettent le verdict original et Jeanne d'Arc est déclarée innocente. c'est l'époque où Marguerite d'Anjou défend une politique de conciliation avec la monarchie française et où le pouvoir en Angleterre commence à s'effriter dans la guerre des deux roses.


Sources



07/04/2011
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