Le siège de Leningrad (1941 - 1944)
Moins célèbre que celui de Stalingrad, le siège de Leningrad lors de la seconde guerre mondiale n'en est cependant pas moins dramatique.
Cet intérêt voué à Leningrad s'explique de deux manières : premièrement, la zone, comprenant d'importantes infrastructures portuaires et ferroviaires, est le point d'arrivée des convois maritimes amenant le matériel fourni en prêt-bail par les Etats-Unis (rappelons qu'à cette époque, ceux-ci ne sont pas encore en guerre contre l'Allemagne et leurs bateaux ne peuvent officiellement pas être pris pour cible en mer Baltique). Deuxièmement, la flotte soviétique de la Baltique, capable d'attaquer les convois de fer en provenance de Norvège, y est basée.
Fin août 1941, la 4ème armée de Panzer n'est plus qu'à 120km de la ville. Les lignes de chemin de fer permettant l'acheminement du matériel américain sont coupées. Le 4 septembre, les bombardements de la ville débutent. Mais l'encerclement de la ville peine à se faire. Au nord, l'armée finlandaise stoppe sa progression à 30km de la cité. Ils ne s'aventureront pas plus loin que les abords du lac Ladoga.
Canons d'assaut StuG III entrants dans les faubourgs de Leningrad en septembre 1941
Le 6 septembre, le général allemand Alfred Jodl rencontre le maréchal finlandais Carl Mannerheim et tente de le persuader de continuer le combat pour encercler complètement Leningrad. Mais, l'armée finlandaise a reçu l'ordre de stopper aux anciennes frontières et de se contenter de reconquérir le territoire perdu lors de la Guerre d'Hiver (1939). Jodl obtient une fin de non recevoir : "Leningrad n'est pas notre objectif". Les faubourgs nord de la capitale des Tsars restent dès lors aux mains de Soviétiques.
Le maréchal Kliment Vorochilov est le défenseur de la place. Dès la fin juin 1941, face à l'avancée de la Wehrmacht, il a replié ses troupes et plus de 500 000 civils sont mobilisés pour la construction de fortifications : plusieurs ceintures de barricades, réseaux de fils de fer barbelés, pièges à chars et bunkers protègent en profondeur la ville. 25 000km de tranchées sont construites. Mais à l'intérieur de ce périmètre de défense, ce sont plus de deux millions de civils et 250 000 soldats qui sont pris au piège.
Le 12 septembre, les réserves de la cité sont estimées à 35 jours de farines, 30 jours de céréales, 33 jours de viande, 45 jours de graisse et 60 jours de sucre par personne. Les terrains encore sous contrôle des autorités soviétiques ne permettent de produire que le tiers de blé et de charbon, ainsi que la moitié de la viande nécessaire à la population. La seule voie de communication permettant encore d'acheminer le ravitaillement est le ligne de chemin de fer venant de Tikhvin, à 200km à l'est de Leningrad.
L'Etat-Major soviétique décide alors l'évacuation de plus d'un million de civils. Pendant le mois de septembre, plusieurs opérations militaires seront menées en coordination avec la flotte de la Baltique afin de conserver un corridor de sortie et emmener les réfugiés vers l'est par le lac Lodoga. Le 16 septembre, un appel est lancé à la radio : ceux qui ne peuvent partir sont appelés à participer à la défense de la ville. Les combats s'étendent dans les faubourgs et la cité est à portée des tirs d'artillerie allemands. Ces derniers, ne parvenant pas à passer les défenses de la ville, organisent le siège et continuent leur progression. Ils sont à dix kilomètres du centre-ville.
Le 8 novembre, la "chaussée Moscou - Leningrad", cette voie sacrée permettant de ravitailler la ville assiégée, est coupée : Tikhvin est tombée entre les mains des Allemands. Pendant un mois, l'armée rouge lance plusieurs contre-attaques pour reprendre la ville. Le 20 novembre, Leningrad est complètement isolée. Plusieurs opérations de bombardement aérien visent les dépôts de nourriture afin d'affamer les défenseurs de la cité. Mais, le 9 décembre, la Wehrmacht doit évacuer Tikhvin. Dès lors, les Soviétiques profitent du gel pour faire parvenir le ravitaillement par le lac Ladoga à la capitale des Tsars.
Avec le rationnement du carburant, les centrales électriques tournent au ralenti. L'utilisation de l'électricité est interdite dans les habitations, permettant ainsi de donner la priorité aux installations militaires et aux industries. Le bois, celui des forêts, puis celui de récupération, puis enfin les parquets et les meubles, devient la principale source de chaleur. Pendant ce temps, la production militaire de la ville est décuplée. Par exemple, celle du char lourd KV-1, produit uniquement dans l'usine n°100 Kirovsky de Leningrad, passe de 140 unités par an en 1940 à 1100 par an en 1941.
La ration de pain est réduite à 500g pour par adulte, 300g par enfant. En février 1942, elle sera même amenée à 125g par personne. La farine est coupée à plus de 50% avec de la poussière. Après avoir avalé les oiseaux, rats et animaux de compagnie, la police rapporte des cas de cannibalisme. Dans les usines, certains tentent de se nourrir avec de la graisse pour machines. Des rations froides sont acheminées par le lac Ladoga, mais sont réservées aux soldats et à ceux qui travaillent dans l'armement.
Convoi franchissant le lac Ladoga en période hivernale
Au printemps 1942, alors que plusieurs foyers de choléra se déclarent dans la ville, les plans pour l'armée allemande ont changé. Leningrad n'est plus une priorité. Hitler vise principalement les puits de pétrole du Caucase et une partie des troupes assiégeant la ville est transférée au sud du pays. Son objectifs : "laisser la ville tomber comme une feuille morte" en empêchant les ravitaillements et en pilonnant chaque kilomètre carré. En avril, l'opération Eis Stoß, lancée par l'armée allemande, enterre la cité sous les bombardements massifs.
Pour remplacer les divisions qu'il a redéployé sur le front sud, Hitler compte sur l'engagement des troupes finlandaises. Avec le retour des beaux jours, celles-ci tentent d'effectuer leur jonction avec les troupes allemandes de Leningrad, mais leur progression est trop lente pour y parvenir. La cité, prise sous les tirs d'artillerie constants, vit cependant une période d'accalmie. Des trams se remettent à circuler et des vivres sont acheminés régulièrement par bateau.
En août et septembre 1942, une nouvelle tentative de briser le siège est lancée par l'armée soviétique. C'est l'opération Sinyavino. Les défenseurs lancent leur offensive le 19 août. A cause de leur manque de moyen, leurs objectifs sont limités principalement à la prise des ponts sur la Neva. Une semaine plus tard, ce sont les armées du front du Volkhov qui tentent de faire une jonction : 16 km séparent les deux armées soviétiques. Les armées du front du Volkhov, contrairement à l'opération menée au début de l'année, sont cette fois bien équipées et appuyées de moyens en artillerie et en blindés conséquent, notamment de blindés T-34 et de lance-fusées Katyusha.
Si les premières opérations militaires sont couronnées de succès pour l'armée rouge, le 28 août l'armée allemande mobilise ses renforts en réponse aux attaques russes. Bien que dès le lendemain les premiers blindés Tiger soient engagés au combat face aux T-34, ce sont surtout les défenses aériennes allemandes qui vont désorganiser l'offensive soviétique. Le 5 septembre, les armées du Volkhov ne sont plus qu'à 6 km de la Neva, et de l'armée de Leningrad, mais les pertes élevées ne permettent plus de poursuivre l'attaque. Le 10 septembre, la progression de l'armée rouge est stoppée. Les contre-attaques allemandes qui se poursuivront jusqu'au 15 octobre rétabliront le front dans sa configuration d'origine.
Du côté russe, 60% des troupes engagées dans l'opération sont hors de combat. Le désencerclement de Leningrad s'avèrent impossible et la situation pour les défenseurs est de plus en plus critique. Petit à petit, Leningrad se transforme en ville fantôme. La ville commence à manquer de tout : munitions, armes, vivres… La famine, la maladie et les combats ont déjà coûté environ 1,5 millions de morts aux défenseurs.
Après deux heures de tirs d'artillerie menés par les Katyusha, les deux armées soviétiques s'élancent. Le 18 janvier, elles parviennent à faire leur jonction dans les faubourgs de Leningrad. Le 22, un corridor de 8 km de large sur 10 de long est consolidé. Une voie ferrée est hâtivement construite au mois de février 1943, permettant d'acheminer ravitaillement et troupes à l'intérieur de la cité. Les raids aériens et la jonction effectuée entre les armées allemandes et finlandaises ne permettent dès lors plus de venir à bout des défenses de la cité.
Cependant, la joie est de courte durée pour les défenseurs. Des foyers de typhus ont fait leur apparition et l'armée allemande continue un pilonnage continuel de la cité. Bien que les lignes de défense au sud-est de la cité soient reprises et que les Allemands aient évacué en octobre 1943 leurs troupes stationnées sur les bords du Volkhov, le manque de munitions empêche d'exploiter davantage le succès de l'opération Iskra.
Le 17 janvier 1944, quatre armées russes enfoncent l'armée allemande sur un front de 18 km de large, entre les lacs Ilmen et Ladoga. Cette opération fait partie de l'offensive stratégique Leningrad-Novgorod décidée par Staline. Le 27 janvier, l'armée allemande épuisée lève le siège et suit le mouvement de repli général. En mars, elle se trouve à plus de 250km de la ville. Du 9 juin au 15 juillet, c'est la quatrième offensive stratégique de Staline qui repousse les armées finlandaises stationnées au nord de la cité. Après plus de 900 jours de combats, la capitale des Tsars n'est plus qu'un vaste champ de ruines.
Sources :
Leningrad : cible principale de l'opération Barbarossa
Le 22 juin 1941, l'Allemagne déclare la guerre à l'Union Soviétique. C'est le début de l'opération Barbarossa. En quelques semaines, l'armée allemande est aux portes de Moscou. Sur le front Nord, les XVIème et XVIIIème armées allemandes ont reçu l'ordre de s'emparer des Etats baltes et de Leningrad, la capitale des Tsars. Le 6 août, Hitler répète les objectifs de Barbarossa : Leningrad d'abord, les aciéries de Donetsk ensuite, Moscou en troisième.Cet intérêt voué à Leningrad s'explique de deux manières : premièrement, la zone, comprenant d'importantes infrastructures portuaires et ferroviaires, est le point d'arrivée des convois maritimes amenant le matériel fourni en prêt-bail par les Etats-Unis (rappelons qu'à cette époque, ceux-ci ne sont pas encore en guerre contre l'Allemagne et leurs bateaux ne peuvent officiellement pas être pris pour cible en mer Baltique). Deuxièmement, la flotte soviétique de la Baltique, capable d'attaquer les convois de fer en provenance de Norvège, y est basée.
Fin août 1941, la 4ème armée de Panzer n'est plus qu'à 120km de la ville. Les lignes de chemin de fer permettant l'acheminement du matériel américain sont coupées. Le 4 septembre, les bombardements de la ville débutent. Mais l'encerclement de la ville peine à se faire. Au nord, l'armée finlandaise stoppe sa progression à 30km de la cité. Ils ne s'aventureront pas plus loin que les abords du lac Ladoga.
Canons d'assaut StuG III entrants dans les faubourgs de Leningrad en septembre 1941
Le 6 septembre, le général allemand Alfred Jodl rencontre le maréchal finlandais Carl Mannerheim et tente de le persuader de continuer le combat pour encercler complètement Leningrad. Mais, l'armée finlandaise a reçu l'ordre de stopper aux anciennes frontières et de se contenter de reconquérir le territoire perdu lors de la Guerre d'Hiver (1939). Jodl obtient une fin de non recevoir : "Leningrad n'est pas notre objectif". Les faubourgs nord de la capitale des Tsars restent dès lors aux mains de Soviétiques.
Le maréchal Kliment Vorochilov est le défenseur de la place. Dès la fin juin 1941, face à l'avancée de la Wehrmacht, il a replié ses troupes et plus de 500 000 civils sont mobilisés pour la construction de fortifications : plusieurs ceintures de barricades, réseaux de fils de fer barbelés, pièges à chars et bunkers protègent en profondeur la ville. 25 000km de tranchées sont construites. Mais à l'intérieur de ce périmètre de défense, ce sont plus de deux millions de civils et 250 000 soldats qui sont pris au piège.
Construction de fossés antichars autour de Leningrad lors de l'été 1941
Le 12 septembre, les réserves de la cité sont estimées à 35 jours de farines, 30 jours de céréales, 33 jours de viande, 45 jours de graisse et 60 jours de sucre par personne. Les terrains encore sous contrôle des autorités soviétiques ne permettent de produire que le tiers de blé et de charbon, ainsi que la moitié de la viande nécessaire à la population. La seule voie de communication permettant encore d'acheminer le ravitaillement est le ligne de chemin de fer venant de Tikhvin, à 200km à l'est de Leningrad.
L'Etat-Major soviétique décide alors l'évacuation de plus d'un million de civils. Pendant le mois de septembre, plusieurs opérations militaires seront menées en coordination avec la flotte de la Baltique afin de conserver un corridor de sortie et emmener les réfugiés vers l'est par le lac Lodoga. Le 16 septembre, un appel est lancé à la radio : ceux qui ne peuvent partir sont appelés à participer à la défense de la ville. Les combats s'étendent dans les faubourgs et la cité est à portée des tirs d'artillerie allemands. Ces derniers, ne parvenant pas à passer les défenses de la ville, organisent le siège et continuent leur progression. Ils sont à dix kilomètres du centre-ville.
Civils évacués lors du siège de Leningrad
Le 8 novembre, la "chaussée Moscou - Leningrad", cette voie sacrée permettant de ravitailler la ville assiégée, est coupée : Tikhvin est tombée entre les mains des Allemands. Pendant un mois, l'armée rouge lance plusieurs contre-attaques pour reprendre la ville. Le 20 novembre, Leningrad est complètement isolée. Plusieurs opérations de bombardement aérien visent les dépôts de nourriture afin d'affamer les défenseurs de la cité. Mais, le 9 décembre, la Wehrmacht doit évacuer Tikhvin. Dès lors, les Soviétiques profitent du gel pour faire parvenir le ravitaillement par le lac Ladoga à la capitale des Tsars.
Avec le rationnement du carburant, les centrales électriques tournent au ralenti. L'utilisation de l'électricité est interdite dans les habitations, permettant ainsi de donner la priorité aux installations militaires et aux industries. Le bois, celui des forêts, puis celui de récupération, puis enfin les parquets et les meubles, devient la principale source de chaleur. Pendant ce temps, la production militaire de la ville est décuplée. Par exemple, celle du char lourd KV-1, produit uniquement dans l'usine n°100 Kirovsky de Leningrad, passe de 140 unités par an en 1940 à 1100 par an en 1941.
Tank KV1 dans les rues de Leningrad
1942 : l'année terrible
Après plusieurs mois de préparation, les Soviétiques sont en mesure de lancer une contre-offensive, pour desserrer l'étau autour de la ville. Des opérations coordonnées entre les défenseurs de la cité et les armées du front de la Volkhov sont menées. Elles demeurent infructueuses. Lors des combats, le centre historique de Leningrad est pris pour cible par l'artillerie allemande. Les centrales électriques sont détruites et il n'y a plus de réserves de nourriture.La ration de pain est réduite à 500g pour par adulte, 300g par enfant. En février 1942, elle sera même amenée à 125g par personne. La farine est coupée à plus de 50% avec de la poussière. Après avoir avalé les oiseaux, rats et animaux de compagnie, la police rapporte des cas de cannibalisme. Dans les usines, certains tentent de se nourrir avec de la graisse pour machines. Des rations froides sont acheminées par le lac Ladoga, mais sont réservées aux soldats et à ceux qui travaillent dans l'armement.
Convoi franchissant le lac Ladoga en période hivernale
Au printemps 1942, alors que plusieurs foyers de choléra se déclarent dans la ville, les plans pour l'armée allemande ont changé. Leningrad n'est plus une priorité. Hitler vise principalement les puits de pétrole du Caucase et une partie des troupes assiégeant la ville est transférée au sud du pays. Son objectifs : "laisser la ville tomber comme une feuille morte" en empêchant les ravitaillements et en pilonnant chaque kilomètre carré. En avril, l'opération Eis Stoß, lancée par l'armée allemande, enterre la cité sous les bombardements massifs.
Etat du front en 1942
Pour remplacer les divisions qu'il a redéployé sur le front sud, Hitler compte sur l'engagement des troupes finlandaises. Avec le retour des beaux jours, celles-ci tentent d'effectuer leur jonction avec les troupes allemandes de Leningrad, mais leur progression est trop lente pour y parvenir. La cité, prise sous les tirs d'artillerie constants, vit cependant une période d'accalmie. Des trams se remettent à circuler et des vivres sont acheminés régulièrement par bateau.
En août et septembre 1942, une nouvelle tentative de briser le siège est lancée par l'armée soviétique. C'est l'opération Sinyavino. Les défenseurs lancent leur offensive le 19 août. A cause de leur manque de moyen, leurs objectifs sont limités principalement à la prise des ponts sur la Neva. Une semaine plus tard, ce sont les armées du front du Volkhov qui tentent de faire une jonction : 16 km séparent les deux armées soviétiques. Les armées du front du Volkhov, contrairement à l'opération menée au début de l'année, sont cette fois bien équipées et appuyées de moyens en artillerie et en blindés conséquent, notamment de blindés T-34 et de lance-fusées Katyusha.
Si les premières opérations militaires sont couronnées de succès pour l'armée rouge, le 28 août l'armée allemande mobilise ses renforts en réponse aux attaques russes. Bien que dès le lendemain les premiers blindés Tiger soient engagés au combat face aux T-34, ce sont surtout les défenses aériennes allemandes qui vont désorganiser l'offensive soviétique. Le 5 septembre, les armées du Volkhov ne sont plus qu'à 6 km de la Neva, et de l'armée de Leningrad, mais les pertes élevées ne permettent plus de poursuivre l'attaque. Le 10 septembre, la progression de l'armée rouge est stoppée. Les contre-attaques allemandes qui se poursuivront jusqu'au 15 octobre rétabliront le front dans sa configuration d'origine.
Du côté russe, 60% des troupes engagées dans l'opération sont hors de combat. Le désencerclement de Leningrad s'avèrent impossible et la situation pour les défenseurs est de plus en plus critique. Petit à petit, Leningrad se transforme en ville fantôme. La ville commence à manquer de tout : munitions, armes, vivres… La famine, la maladie et les combats ont déjà coûté environ 1,5 millions de morts aux défenseurs.
Plan de l'opération Sinyavino – été 1942
1943 - 1944 : désenclaver Leningrad
Le 12 janvier 1943, l'armée rouge tente une nouvelle fois de briser le siège autour de la cité et lance l'opération Iskra. Les objectifs fixés aux armées du Volkhov et de Leningrad sont les mêmes que lors de l'opération Sinyavino. Mais cette fois, c'est un autre axe de progression qui est choisi : les Soviétiques attaquent le long du lac Ladoga, impraticable par l'armée allemande, ce qui permet de parer toute contre-attaque menée de flanc. Par ailleurs, pour éviter la désorganisation face à l'aviation adverse, l'armée rouge s'assure la suprématie dans les airs en déployant plus de 800 appareils de chasse.Après deux heures de tirs d'artillerie menés par les Katyusha, les deux armées soviétiques s'élancent. Le 18 janvier, elles parviennent à faire leur jonction dans les faubourgs de Leningrad. Le 22, un corridor de 8 km de large sur 10 de long est consolidé. Une voie ferrée est hâtivement construite au mois de février 1943, permettant d'acheminer ravitaillement et troupes à l'intérieur de la cité. Les raids aériens et la jonction effectuée entre les armées allemandes et finlandaises ne permettent dès lors plus de venir à bout des défenses de la cité.
Tank Tiger photographié à proximité de Leningrad en 1942
Cependant, la joie est de courte durée pour les défenseurs. Des foyers de typhus ont fait leur apparition et l'armée allemande continue un pilonnage continuel de la cité. Bien que les lignes de défense au sud-est de la cité soient reprises et que les Allemands aient évacué en octobre 1943 leurs troupes stationnées sur les bords du Volkhov, le manque de munitions empêche d'exploiter davantage le succès de l'opération Iskra.
Le 17 janvier 1944, quatre armées russes enfoncent l'armée allemande sur un front de 18 km de large, entre les lacs Ilmen et Ladoga. Cette opération fait partie de l'offensive stratégique Leningrad-Novgorod décidée par Staline. Le 27 janvier, l'armée allemande épuisée lève le siège et suit le mouvement de repli général. En mars, elle se trouve à plus de 250km de la ville. Du 9 juin au 15 juillet, c'est la quatrième offensive stratégique de Staline qui repousse les armées finlandaises stationnées au nord de la cité. Après plus de 900 jours de combats, la capitale des Tsars n'est plus qu'un vaste champ de ruines.
Sources :
- Leningrad 1943, Alexander Werth, ed. Tallandier
- The Siege of Leningrad, 1941-1944, David M. Glantz, ed. Cassell military
- Soviet military deception in the Second World War, David M. Glantz, ed. Frank Cass